La carrière d’un groupe se fonde sur sa musique, bien entendu, mais il est évident que l’univers visuel, notamment dans le domaine du Metal, a une importance considérable et participe souvent au succès. Ainsi, il n’est pas rare que des disques soient vendus car la pochette a éveillé la curiosité de l’acheteur, de plus l’univers visuel permet de présenter une attitude, de mettre en image la musique d’un groupe et de donner des repères quant à l’entité abstraite que représente un nom de groupe.
La réussite d’un album repose sur la musique avant tout, mais également sur l’image car celle-ci renforce souvent le côté symbolique d’un disque, ce pourquoi les groupes rivalisent d’inventivité et d’originalité pour toucher les auditeurs. La pochette détermine souvent l’envie d’acquérir l’objet, notamment à notre époque difficile pour l’industrie du disque, mais surtout elle participe à mettre en place l’atmosphère générale dégagée par la musique et les paroles.
La pochette fait donc partie de la démarche artistique que proposent les musiciens et en est presque indissociable, l’œuvre se constitue donc de la musique, des paroles et de l’image.
IN FLAMES a toujours accordé une grande importance à son imagerie, bien sûr à travers la représentation des incontournables Jesters, mais également en ayant le souci de faire coller au mieux la pochette du disque avec le propos que renferme l’album dans sa globalité, et de s’éloigner au maximum des clichés du genre.
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Kenneth Johansson :
Aucune information sur cet artiste suédois n’a pu être trouvée pour le moment. A noter qu’un Kenneth Johansson est l’auteur des photographies des albums The Jester Race et Whoracle, sûrement le même artiste…
Lunar Strain
On retrouve une imagerie assez typique de ce que pouvaient proposer les groupes de Death Metal au début des années 1990 : une image de la Lune prise par la NASA domine cette oeuvre, IN FLAMES n’a pas encore trouvé son imagerie propre et le résultat, tout en étant assez réussi, reste classique.
Le logo possède une typographie plutôt agressive et typiquement Death Metal ; il a été dessiné par Glenn Ljungström, alors guitariste du groupe.
Une progression par rapport à la première pochette. Celle-ci est également dans l’esprit Death traditionnel, mais est très réussie ; elle représente un feu de bois dont les flammes reflètent un personnage, vraisemblablement une jeune fille, escaladant les bûches du feu.
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Andreas Marschall :
Né en 1961, à Karlsruhe, cet artiste allemand a commencé sa carrière dans les Comic Books, jusqu’en 1981 (The Sinner, publié dans Metal Hurlant) puis a réalisé des pochettes d’albums et des affiches de films. Il a également travaillé sur des vidéos clips musicaux et, depuis 1999, a poursuivi dans le domaine du cinéma.
Vous trouverez la plupart de ses travaux sur son site : MarschFrames dont l’image de fond est la pochette de Whoracle.
IN FLAMES a trouvé son imagerie, et celle-ci colle parfaitement à l’atmosphère de l’album. C’est également la première apparition du Jester, qui deviendra le symbole du groupe.
La pochette présente une sorte de char d’assaut fumant ayant la forme d’un château, à la fois concerné par une architecture de type ancien, surtout pour le haut, et de type moderne, s’agissant du milieu et du bas, surmonté d’un énorme sablier et portant en « figure de proue » un Jester, qui fait donc ici sa première apparition.
IN FLAMES commence dans cet album a développer son idée de l’assimilation de l’Homme a un bouffon avide et mesquin, prétentieux et sournois, qui détruit la Mère Nature. Ce propos est ainsi représenté par la pollution que dégage la fumée du char et le côté grandiloquent du château. Celui-ci semblant être issu d’un récit fantastique avec son mélange d’architecture classique et de matériaux modernes (ferraille, ressorts).
Les montagnes en arrière plan ne sont pas sans rappeler, par leur forme et leur position symétrique, la structure de la pochette de Colony, que l’on verra ultérieurement.
Il s’agit là d’une pochette magnifique.
Le style pictural d’IN FLAMES se concrétise un peu plus, avec un nouveau logo et une pochette remarquable, réalisée de main de maître et retranscrivant à merveille l’atmosphère de la musique.
La pochette représente la mise en image du titre de l’album avec la femme démon (WHORE) avec ses tentacules, telle une hydre, et la jeune fille (ORACLE), innocente et pure, qui représentent le dualisme de ce titre.
Construite sur un modèle symétrique, la maison en ruine semble organique, elle apparaît comme blessée par le ravage que l’on perçoit en arrière plan, et de la chair ressort d’une brèche du mur. Des livres sont amassés sur le sol.
On distingue une lune et un soleil au centre de l’oeil de boeuf au dessus de la porte, représentant une fois de plus une sorte de dualisme.
Des arbres morts jonchent le sol à l’exterieur, le symbole de la destruction de la nature par les « bouffons », déjà amorcé par The Jester Race, se retrouve donc dans cette œuvre.
Un mystérieux vieillard tenant une lampe se tient à gauche de l’image, peut-être symbole d’une sagesse, d’un espoir de retour de la lumière ?
Le ciel marqué par les flammes et la fumée qui se dégage des bâtiments représente une forme d’apocalypse que l’on retrouve dans la pochette de l’album suivant, Colony.
Une pochette dans la continuité directe de celle de Whoracle, le style des pochettes d’IN FLAMES semble avoir été trouvé mais une nouvelle évolution apparaîtra dès l’album suivant.
La structure de cette œuvre rappelle celle de The Jester Race, celle-ci nous présente en effet une architecture semblant sortir tout droit d’un roman de science fiction avec une statue imposante et formée d’une tonne de composants différents ; on retrouve, outre la symétrie de la construction, la ferraille et les structures bordéliques du char de The Jester Race, à un niveau encore plus important, mais également, à la base du « piédestal » de la statue, on distingue ce qui s’apparente à des racines, le seul élément organique de la construction.
L’eau est rouge, apparemment jonchée d’arbres morts ; le monde représenté semble comme pollué, dévasté, sans âme. Le ciel est également rouge et menaçant avec des nuages sombres, et la seule apparence humaine semble provenir des passagers du bateau qui aborde le tunnel formé par la structure principale.
Le Jester, l’air particulièrement sournois, fait une apparition plus discrète que pour The Jester Race, dessiné dans l’eau mais, comme pour l’album précédemment cité, il reste au centre même de la pochette.
On est en présence de l’une des pochettes les plus complexes du groupe.
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Axel Hermann :
Axel, artiste allemand, commence à dessiner à l’âge de quatre ans et ne le lâchera plus depuis. En 1988, il entre en contact avec Century Media Records et commence à réaliser des covers d’albums de Thrash Metal.
Vers les années 90, il s’essaya au Death et illustrations gore avec une pochette de MORGOTH. Son travail se fit alors remarquer par beaucoup de compagnies et labels, dont Nuclear Blast. En parallèle, il réalise également des tatouages.
Son travail, malheureusement pas dans sa totalité, est visualisable sur son site personnel : AxelHermann.
On le sait, IN FLAMES n’aime pas se répéter et a toujours affirmé sa volonté d’évoluer, aussi bien musicalement que concernant son univers pictural comme cette pochette le prouve. Nouvelle apparition du Jester, cette fois encore plus en valeur, et un détournement de l’homme de Vitruve, représentation universelle de l’anatomie humaine de Léonard de Vinci. Celui-ci apparaît menaçant et mauvais, à l’image de l’homme tel que semblent le percevoir les musiciens du groupe à travers les pochettes précédentes et la représentation du « bouffon » destructeur et arrogant.
Le propos est le même mais la représentation change avec une oeuvre moins complexe que les précédentes et beaucoup plus directe.
Cependant le plus gros changement reste à venir.
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Niklas Sundin :
Né en 1974, à Göteborg, Niklas Sundin est le guitariste de DARK TRANQUILLITY, et aussi le fondateur de « Cabin Fever Media », studio de design spécialisé dans la création de pochettes d’album. Il a également travaillé pour des groupes comme ARCH ENEMY, SENTENCED…
À noter que Niklas a écrit les paroles d’IN FLAMES pour The Jester Race et Whoracle, puis a traduit les textes d’Anders qui étaient en Suédois sur Colony, jusqu’a ce qu’Anders sache parler anglais.
Vous pouvez retrouver la plupart de ses créations sur son site : CabinFeverMedia.
La première contribution de Niklas Sundin reste très proche de l’œuvre précédente : un Jester mis en valeur et un design plutôt dans la lignée de celui de Clayman ; la cassure, tant au niveau musical que pictural, se fera avec Reroute To Remain.
Le Jester domine la ville de Tokyo où le concert a été enregistré et est croisé par les drapeaux suédois et japonais, symbolisant la rencontre du groupe avec son public nippon. Même si le « bouffon » semble enflammer la ville, l’image apparaît nettement moins apocalyptique que les précédentes pochettes.
Cette pochette retranscrit à merveille l’évolution d’IN FLAMES, le groupe a choisi une imagerie plus sophistiquée et subtile. Cette œuvre reste l’une des plus réussies de la carrière du groupe. Elle est de plus concernée par la création d’un nouveau logo, plus sobre ; magnifique, un signe de maturité ?
Le groupe semble avoir fait le tour des représentations apocalyptiques. Cette fois les arbres sont vivants et mis en valeur de façon positive, on pourrait penser que le titre évoque un possible espoir pour l’humanité de revenir sur ses actes de destruction de la Mère Nature et de recommencer sur des bases meilleures. Les personnages sont moins menaçants, ils semblent être créés par la nature environnante, comme des embryons inachevés en train de naître sous la forme adulte, des sortes de Sylves, êtres mi-arbres mi-hommes.
La lumière succède aux ciels orageux et menaçants, enflammés et pollués.
Un personnage dont la tête est cachée semble tenir un compas dans sa main, peut-être un symbole de recadrage de la route des hommes, de retour sur le bon chemin.
L’esprit général de cette pochette semble donc être bien plus optimiste que celui des oeuvres précédentes.
L’une des pochettes les plus réussies. Tout en finesse, Niklas Sundin nous propose une pochette, encore une fois, sobre, à l’atmosphère à la fois planante et mystérieuse.
Le personnage au compas réapparaît, cette fois son visage est visible et s’il a la forme du Jester son attitude n’est pas aussi sournoise que dans les autres dessins le représentant ; son expression semble, au contraire, même si elle reste mystérieuse, plus sereine et bienveillante.
Une pochette prise sur le modèle de Reroute To Remain mais plus tortueuse, moins captivante et agréable à l’œil que celle de l’album, elle reste assez étrange. Sur fond rouge et noir, et avec ce qui ressemble à une table de mixage, ou du matériel technologique, on retrouve des êtres de la pochette de Reroute To Remain, cette fois décomposés, livides et inexpressifs, ce qui illustre le propos des textes de la chanson « Trigger ».
Encore une fois, malgré la participation du même dessinateur, l’imagerie semble évoluer. Alors que Reroute To Remain était dominé par des teintes blanches, Soundtrack To Your Escape présente des couleurs sombres qui contrastent avec une légère lueur ; une fois encore Niklas Sundin présente une atmosphère planante, le logo est encore plus en retrait que précédemment. Une pochette une fois de plus sobre et efficace.
Une baffle d’enceinte est représentée pour symboliser l’idée de bande musicale, en fond on peut distinguer une partition et quelques notes ainsi que le terme « Maestria », le mot « ESC » apparaît en bas à droite un peu comme la touche d’un clavier d’ordinateur, symbolisant bien sûr l’escapade. Le tout semble plongé dans l’eau et les partitions ondulent ; une pochette magnifique à mon sens.
Cette pochette s’inscrit dans la droite lignée de celle de Soundtrack To Your Escape et propose la même dominante de couleurs, ainsi que la présence d’une luminosité qui tranche avec le reste.
Un personnage enfermé dans une boule lumineuse court sur une flèche vraisemblablement en metal, difficile de dire ce que représente l’arrière plan, de l’eau ? des nuages ?
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Derek Hess :
Artiste américain de Cleveland au style « désintégré » hérité des Comic Books, il est connu pour avoir travaillé sur des pochettes de groupes de Hard Rock des années 1990. Il est réputé pour son humour et son ironie,usant généralement du nom du groupe pour lequel il travaille afin de trouver son inspiration.
Il a travaillé également sur des affiches de concerts pour des groupes tels que PINK FLOYD ou NINE INCH NAILS.
Ses travaux sont exposés dans plusieurs endroits prestigieux, notamment dans la collection permanente d’affiches du Louvre.
A noter que la pochette de Come Clarity possède une ressemblance importante avec la pochette de Roorback du groupe SEPULTURA, réalisée par… Derek Hess.
Vous retrouverez la plupart de ses œuvres sur son site : DerekHess
Avec cette pochette, IN FLAMES conserve une certaine sobriété, mais dans le symbole rejoint le côté direct des œuvres antérieures à Reroute To Remain. Cet album ayant été considéré comme un savant mélange de tous les éléments de la carrière d’IN FLAMES, on peut supposer qu’ils ont également lié le côté frappant des premiers albums (Whoracle, Colony, Clayman) avec la sobriété des oeuvres plus récentes (Reroute To Remain, Soundtrack To Your Escape).
IN FLAMES renoue donc avec un propos visuellement violent mais en conservant une part de sobriété acquise depuis Reroute To Remain dans la représentation.
Une pochette blanche, mais représentant une allégorie du don de la vie très frappante, directement inspirée du premier titre de Come Clarity : « Take This Life ».
Comme la pochette précédente, on retrouve une représentation à la, fois sobre, sur fond blanc, avec peu de couleurs, et frappante. Le côté très violent ressort du sang qui coule des yeux du Jester, réapparaissant pour la première fois depuis le single Cloud Connected. Celui-ci, à l’air renfrogné, est bien mis en valeur, ce qui rappelle l’époque de Clayman ou du live.
IN FLAMES semble revenir à une représentation négative et pessimiste du « bouffon », le fait pour l’homme d’avoir les yeux injectés de sang contraste énormément avec le titre de l’EP et les paroles de « Come Clarity ».
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Alex Pardee :
Né en 1976, en Californie Alex Pardee s’est impliqué dans de nombreux projets artistiques et s’est notamment fait connaître grâce à ses pochettes des albums du groupe THE USED.
Il a rejoint un collectif d’artistes nommé ZeroFriends et s’est récemment impliqué dans le design de skateboards ainsi que de films tel que SUCKER PUNCH de Zack Snyder.
Ses œuvres torturées, voire horrifiques, et teintées d’humour noir, possèdent un trait artistique vraiment particulier et reconnaissable qui devient de plus en plus apprécié. Le dessin a permis à l’artiste de surmonter la dépression, les troubles d’anxiété, ainsi que des problèmes émotionnels et ses planches se chargent donc inexorablement de son état d’esprit.
Vous pouvez voir tout cela sur son site : EyeSuckInk.
A Sense Of Purpose
L’artiste américain va apporter une petite révolution artistique au sein de l’imagerie du groupe, mais également parmis les pochettes Metal en général. En effet, ses œuvres sont on ne peut plus colorées et tranchent grandement avec les tons unis usuels qui estampillent les pochettes ; un pied de nez à toutes les covers de Death Metal, qui marque à nouveau la volonté des Suédois de se différencier. Comme on peut le voir sur la pochette de A Sense Of Purpose, Alex ose le dégradé assez neutre des couleurs chaudes aux couleurs froides et amène d’inombrables autres couleurs pétantes au premier plan de part les lianes difformes. Des couleurs qui, encore une fois, s’accordent très bien à l’atmosphère de l’album puisque les compositions sont, pour la majorité, plutôt chaleureuses.
Un autre point notable est l’enrichissement de détails renaissant dans le visuel, qui s’était appauvri depuis Colony, pour laisser place à des pochettes sobres et directes. En outre, l’artwork a bénéficié d’une superbe finition qui fait que l’on en profite pleinement. En faisant attention donc, on retrouve la mascotte d’IN FLAMES, et son dérivé sous forme de « blason », c’est-à-dire le Jester, qui n’était plus apparu sur un album studio depuis Clayman. Mais ce qui attire l’œil directement aussi, est la nouvelle typographie du nom du groupe, qui reprend une orientation verticale et une forme agressive, à l’instar des albums Lunar Strain et The Jester Race.
Pour ce qui est de la symbolique représentée sur cette pochette, elle tombe en accord avec le titre de l’album. Ce personnage principal porte un masque de chouette, symbole de discrétion, et représente une personne normale qui tente d’avancer dans la vie, représentée ici par le labyrinthe, tout en évitant les pièges qu’elle renferme au fur et à mesure que l’on vieillit. Sur la pochette le trou abritant des lianes est donc un des obstacles, une des situations fâcheuses de la vie. C’est également possible de faire intervenir à nouveau les couleurs vives des lianes qui au premier abord peuvent sembler inoffensives mais se révèlent finalement être redoutables, tout comme certaines tentations destructrices.
Le parallèle avec le labytrinthe est aussi judicieux puisque l’on a beau être libre de faire les choix que l’on veut (prendre la direction qui nous semble la meilleure), on ne peut jamais prévoir l’avenir et il n’est donc pas exempt de s’être trompé (tomber sur une impasse). En cela, le labyrinthe représente un cheminement bordé de tentatives infructueuses, mais qui permettent au fur et à mesure de gagner de l’expérience et finalement trouver la véritable voie pour atteindre la sortie, soit le but que l’on s’est fixé dans la vie.
La pochette de cet EP fut la première a introduire le nouveau style visuel d’IN FLAMES. La réactoin première ne fut donc pas des plus positives au vu de tous ces tons flashy. Le mélange en était même presque insipide. Et puis, comparé à l’album, la finition est ici bien en retrait et les détails peu accentués. Mais il ne s’agit que d’un EP, l’inverse aurait été des plus frustrants.
On retrouve donc notre personnage au masque de chouette, face à un miroir, et au milieu d’un mystérieux endroit, un paysage à la végétation psychédélique, digne de la rêverie. Cette flore pourrait avoir un rapport avec le titre « Abnegation », qui traite de la négligeance de l’Homme vis-à-vis de la Terre. Ces plantes aux couleurs maladives, additionnées aux effets de tâches noirâtres de la pochette représenteraient alors la mort de la Nature, un des sujets phares sur les anciennes productions du groupe.
Mais le plus important est ce que renvoie le miroir, puisque ce n’est pas vraiment l’image du protagoniste mais celle d’un homme aux traits tirés, vieillis, fatigués, arborant un T-shirt avec le Jester. Derrière ce reflet du personnage, on aperçoit également une grande structure ressemblant fortement au château roulant de la pochette de l’album The Jester Race, le tout sous un ciel apocalyptique. Encore un clin d’œil à l’ancien temps, où est-ce pour appuyer le lien abordé ci-dessous sur les textes ?
De prime abord, même si le dessin illustre le titre phare de l’EP, « The Mirror’s Truth », la symbolique penche davantage vers deux autres titres, « Eraser » et « Tilt », qui traitent du fait d’aller de l’avant et ne pas ressasser le passé. Dans ce cas, la vision de la période The Jester Race (ainsi que les textes des deux titres en question) serait très probablement un sous-entendu visuel voulu par le groupe à l’égard de ses détracteurs qui ne peuvent s’empêcher de descendre tout ce que font les Suédois depuis l’album Reroute To Remain et l’évolution de leur son, plutôt qu’un regret des musiciens de cette ancienne période.
Le premier single de l’album A Sense Of Purpose est sorti digitalement, mais cela n’empêche pas l’artiste de créer une pochette. Evidemment, c’est en tout point moins développé et travaillé sur la finition que les deux pochettes précédentes. On retrouve à nouveau le Jester, à la fois autour du nom du groupe, mais aussi en tout petit tout le long du rebord du mur.
Néanmoins, le dessin crayonné et coloré avec des teintes vieillotes n’est sûrement pas innocent puisque le titre traîte de personnes qui préfèrent s’effacer de la réalité pour ne pas avoir à affronter les soucis qu’elle apporte. Ce style de dessin pourrait donc faire allusion à cette personnalité effacée de la réalité et qui n’a plus rien à voir avec l’actualité.
Pour ce qui est de la scène, il s’agit d’une reprise du tableau peint dans le livret de l’album pour ce titre, mais vu sous un angle opposé. Effectivement, sur l’original on voit notre « homme chouette » qui tente de s’échapper en grimpant par dessus le mur mais est poursuivi et retenu par des lianes.
Pour le plaisir d’une explication complète, je vais me permettre de tricher et m’appuyer sur la scène du livret plutôt que sur celle de la pochette, même si l’on sent bien que le personnage est apeuré et tente de s’échapper. Les lianes sont évidemment une représentation des ennuis et vérités que le protagoniste ne veut pas connaître, il préfère donc s’enfuir et se cacher plutôt que de les assumer.
Second single, toujours au format digital, et toujours accompagné d’une pochette signée Alex Pardee. De plus, cette fois l’artiste a fourni un travail qui semble un peu plus complet. Le Jester est cette fois-ci présent sur le masque de chouette, entourant l’œil gauche. C’est la première fois qu’il apparaît sur toutes les sorties en rapport avec le même album.
L’artiste n’a pas repris de plan du livret pour la pochette, et la scène représentée est plutôt simple et évidente. Le texte de « Delight And Angers » se rapporte aux personnes prêtes à se mentir juste pour avoir l’impression de vivre une vie joyeuse et surtout pour ne pas être triste.
Le masque se divise entre ces deux émotions. L’œil droit affiche une certaine tristesse, appuyée par l’expression penaude qu’offre le nez piquant au sol, et l’ombre et le peu de lumière apportée de ce côté du visage ternissent l’humeur. Tandis que du côté gauche, la luminosité est bien présente mais, plus spécialement, il y a une explosion de couleur engendrée par les lianes multicolores venant de l’intérieur et perçant l’œil droit ; ce qui représente logiquement les mensonges de bonheur inventés dans la tête, pour obtenir également une sensation de gaieté sur le visage de façon à affronter le monde extérieur, d’où les lianes occupant une bonne partie du masque.
Et c’est vrai que la pochette semble joyeuse au premier abord si l’on ne connaît pas la signification des paroles.
Fightfirewithfire avec l’aide précieuse de Dairadatzu / CyberInflames (à partir de ASOP)