Extol… Ça ne vous dit rien ? Pourtant ils officient dans un Death Progressif, quasi mélodique, et viennent d’entamer la vingtième année d’une carrière qui est restée malgré tout discrète.
Étant un fan de longue date, je n’ai pas trop d’explication sur la non médiatisation du groupe. Objectivement, c’est bien exécuté, riche en mélodies, varié, et distribué (jadis) par un gros label.
Car Extol, c’est ça :
Pourquoi donc ce n’est pas plus connu si c’est si bien ? Ma seule piste concerne la « religion » du groupe. En effet, Extol est un groupe de Metal Chrétien, Catholique. Et forcément, le fan de Metal de base doit avoir les boules de se dire qu’un groupe de musique extrême partage la même vision du monde que sa grand-mère.
Forcément, c’est pas très glamour et encore moins punk. Se revendiquer Sataniste, arborer un T-Shirt « People = Shit » ça en jette déjà plus, et même si ça fait rire les mamans, les grand-mères, elles, rasent les murs, et c’est déjà une petite victoire, n’est-ce pas ? Au moins, on en a dans le slip, ça c’est clair !
Extol est un groupe de Death-Metal fondé en 1993 en Norvège, terre du Black-Metal, quelques années après la création du collectif de l’Inner Black Circle, organisation quasi-terroriste des grands noms de l’extrême.
1. Northern Lights
Le groupe est originellement fondé par le batteur David Husvik et le guitariste Christer Espevoll (tous deux âgés de 16 ans), deux cousins qui jouent déjà ensemble depuis l’automne 1993 et veulent démarrer un groupe extrême basé, non pas sur le mal, mais sur le bien (je caricature un peu, mais c’était sans doute l’idée). Le frère de Christer, Peter (14 ans), est recruté pour la partie vocale. Le bassiste Eystein Holm rejoint le groupe par la suite. Extol signifie simplement « glorifier » et correspond bien à l’image que veut donner le groupe. Un deuxième guitariste, Emil Nikolaisen, arrive en 1995 pour compléter tout ça.
Le combo effectue son premier enregistrement qui paraîtra dans une compilation de Metal Chrétien intitulée « Northern Lights » avec 3 titres, pas franchement mémorables, très Death-Metal traditionnel, à l’ancienne, avec le son d’aspirateur qui va bien.Les retours sont plutôt bons et permettent au groupe de tourner loin au Nord, dans cette région froide et ténébreuse afin d’y répandre la bonne parole.
2. Burial
En 1997, Extol enregistre une première démo intitulée « Embraced », une fois de plus avec trois morceaux. Démo assez directe, on ressent un peu plus la volonté de s’orienter vers le prog’ même si certaines sonorités se rapprochent du Black-Metal avec force blast-beats et tremolos. Presque une année passe avant qu’Endtime Productions ne les engage. Ils sortiront sur ce label « Burial », collection d’hymnes de Death Progressif alternant voix claires et chant Death et Black en décembre 1998. Cet album est signé chez Solid State Records aux États-Unis, et chez Avalon Records pour le Japon. La critique est très positive, venant de milieux chrétiens et laïcs / païens pour la simple et bonne raison, que musicalement, ça en jette, et c’est autrement mieux que Glorious (au besoin, cherchez sur Youtube).
Fort de cette lancée qui permet au groupe de tourner aux Etats-Unis d’Amérique, Extol enregistre un EP, intitulé « Mesmerized ». Il comprend trois titres remixés provenant de l’album « Burial », retravaillés par des groupes de musique industrielle et trois autres titres bonus: un enregistrement récent, une reprise, et un morceau qui était destiné à l’origine au marché Japonais. On s’en fout ? C’est vrai, cet EP est assez médiocre, voir mauvais. Le seul bon point est le titre Storms Of Disillutions, qui est à la cool. Les fans réagissent très négativement à cette sortie. Holm, bassiste, quitte alors le groupe, et est remplacé par Tor Glidje.
3. Undeceived
Il fallait bien un chef d’œuvre pour faire passer le précédent EP plus que médiocre. Extol retourne donc en studio en 1999, pour enregistrer un nouvel album, « Undeceived » qui sortira en 2000. Cet album montre que leur style évolue encore, s’éloignant un peu du progressif et optant pour une approche très Death-Metal Mélodique. Le titre éponyme en est un parfait exemple, avec ses nappes de violons, ses trémolos et ses blasts. Le morceau Ember devient un titre très populaire, pour ne pas dire le titre phare, qui fait un lien parfait entre les fans de la première heure et les nouveaux, avec son chant clair très heavy/prog et ses rythmiques alambiquées. Cet album est une pure merveille que je ne peux que conseiller aux fans de Death-Mélodique et qui rivalise sans difficulté avec les grands albums du genre. Après cet opus, Ole Børud (grattes, choeurs) quitte le groupe, sans raison. Pouf, comme ça.
Tor Glidje reprend sa place à la guitare, et John Robert Mjåland intègre le groupe en tant que bassiste. Le nom de famille imprononçable semble être un critère de choix pour intégrer la formation.
En 2001, un autre EP, « Paralysis », fait suite à « Undeceived ». Cet EP de trois titres (dont une intro) est malgré tout intéressant. Your Beauty Divine, titre principal, est un hit de chez hit. Et il y a une reprise de Believer, groupe culte de la scène Thrash Chrétienne. Le guitariste Tor Glidje quitte le groupe une fois de plus, pour se focaliser sur Ganglion, son projet Rock compliqué. Ole Børud reprend sa place dans la formation, je t’aime, moi non plus. Échange de bon procédé. Extol en profite pour changer de label et signer chez Century Media en 2002 pour voir les choses en grand.
4. Synergy
L’album suivant, « Synergy », sorti en 2003, se tourne alors sévèrement vers le Thrash traditionnel, avec toujours cette touche complexe, propre aux Norvégiens. Le chant se fait également moins Black et s’oriente vers un chant hurlé des familles. Le groupe dispose avec cet opus, pour la première fois, d’une certaine notoriété à l’internationale, tournant dans le monde avec des groupes connus et reconnus, Opeth en première ligne.
5. The Blueprint Dives
En juin 2004, débandade, les guitaristes Ole Børud et Christer Espevoll quittent Extol sans que l’on ne sache trop pourquoi, les Norvégiens aiment se faire discret, et c’est pas plus mal, ça évite les ragots qui n’ont pas de place dans la sphère Metal. Tor Glidje, qui se fait décidément très farceur, choisi de revenir une énième fois avec son comparse Ole Halvard Sveen, tous deux membres de Ganglion. Ils dissolvent le groupe pour l’occasion, le fusionnant à Extol.
En 2005, le groupe enregistre ainsi, « The Blueprint Dives », considéré comme l’album comportant le plus de diversité de toute leur carrière. Les vrais fans sont ceci-dit très dubitatifs, moi le premier. 2005 étant l’année où tous les groupes se mettent à faire du Néo-Metal (In Flames, Soilwork…), Extol emprunte la même direction, décidant sans doute que pouvoir vivre de la musique ça implique de faire des choix, et être connu d’un public plus large pourrait être pas mal pour mettre du beurre dans les saumons. Le style est donc résolument moderne mais plus Hardcore que Néo, parfois même légèrement Post-Rock et toujours technique. On trouve pour la première fois des titres uniquement acoustiques très popisants. Ils enregistrent aussi leur premier clip, pour la ballade Pearl, véritable déclaration au seigneur Jesus. Un grand succès est ainsi au rendez-vous. Peter confirmant ses talents de grand vocaliste, sa voix est unanimement congratulée bien qu’assez inégale selon les lives. Extol engage par la suite une tournée en Europe avec Mastodon, God Forbid et Opeth, et une autre aux États-Unis avec Becoming the Archetype, Haste the Day et The Showdown. Les critiques sont très élogieuses mais les fans originels se mordent les doigts. C’est pourtant l’album que les metalleux connaissent le plus facilement et ont donc la facheuse tendance d’associer Extol à ce style de musique…
Le 9 août 2007, le groupe annonce au travers de sa page MySpace qu’il se sépare, sans trop de raison, mais ils précisent que ses membres vont se focaliser sur leurs projets solo respectifs (sans trop d’intérêt, honnêtement).
En tant que fan de la première heure, c’est une nouvelle qui m’emmerde profondément. J’ai jamais trop su pourquoi, mais ça m’a presque fichu les larmes aux yeux. Je crois qu’adorer un groupe dont tout le monde se fout a du contribuer à cela.
6. Extol
Le miracle se produit fin 2012. Le groupe, que personne n’attendait plus, annonce sa reformation, un nouvel album et la sortie d’un DVD retraçant la carrière au fil des différentes années.
Le groupe appelle les fans aux dons pour financer la production du film. Un système assez classique qui m’aura permis d’avoir mon nom au générique et une photo dédicacée. En soi, c’est pas important, mais c’est le genre de groupe que j’ai plaisir à remercier, pour les services rendus dans la vie. J’attends donc patiemment la sortie de « Of Light And Shade »
Le line-up de l’album (qui n’a pas de nom) est très allégé mais on retrouve donc :
Peter Espevoll – Chant
David Husvik – Batterie
Ole Børud – Guitares, Choeurs
« Pour Noël, les fans nous ont financé un DVD… j’aurai préféré des Pokémons »
Bonne nouvelle, ce sont quasiment tous des membres originels. Et que donne cet album ? On est ici clairement dans une phase à la Synergy, à savoir, du Death / Thrash Technique, et c’est en toute objectivité ce qu’ils savent faire de mieux ! Le chant est redevenu saturé, ce qui est également une autre bonne nouvelle.
Sortir un album éponyme est toujours délicat car le message envoyé est clairement « la musique représentative du groupe, c’est ça ! ». D’autant plus qu’ils ont également appelé un titre « Extol ». Mais cet album, qui fait fi des modes actuelles, est un pur régal de technique, de mélodies et de sensibilité. On retrouve en fait Extol dans la même forme olympique que jadis, et personne ne pouvait demander mieux !
Ils se fendent même d’avoir un clip, simple et efficace, qui fait du bien là où ça passe :
Je suis content.